Modèles empiriques prédictifs du recrutement côtier des seiches en Manche

CONTEXTE

Le laboratoire MERSEA de l’université de Caen Normandie est pionnier en Europe dans l’application de modèles de dynamique de populations exploitées par la pêche aux stocks de Céphalopodes (seiches et calmars) et dans l’étude de l’écologie de ces ressources. Les résultats de six thèses soutenues ont apporté les premières descriptions de l’influence de facteurs environnementaux sur l’abondance (Robin & Denis, 1999) et sur la répartition spatiale (Wang et al., 2003) les premiers diagnostics
concernant la pression de pêche subie par les seiches de Manche (Royer et al., 2006) et pour ce stock les relations stock-recrutement (Gras et al., 2014 ; Alemany et al. 2017).

La seiche est un composant clé de nos écosystèmes et représente une importante ressource commerciale notamment pour les pêcheries normandes (5ème rang en valeur, Ifremer 2024). Cette espèce est caractérisée par une durée de vie courte (2 ans), une croissance très rapide, la semelparité (mort après une saison de reproduction) et une forte sensibilité aux variations de l’environnement. La seiche effectue en Manche des migrations saisonnières globalement connues (Boucaud-Camou & Boismery, 1991) dont l’amplitude et la chronologie semblent sensibles aux variations de température, de la photopériode, de la salinité et la turbidité (Dunn, 1999).

Le travail de Anna Marcout (thèse soutenue en décembre 2024) a montré que la structure des températures en Manche jouait un rôle clé dans le déclenchement de la migration printanière vers la côte. Ce travail a combiné l’utilisation de données VMS permettant une localisation fine des opérations de pêche commerciales avec les résultats de la pêche. La migration vers la côte se déroule au moment de l’inversion du gradient des températures entre le large et la côte (inversion qui passe par une égalisation des températures). Ce phénomène ne se produit pas au même moment suivant les zones côtières de reproduction des seiches et d’autres facteurs interviennent sûrement dans la répartition du stock qui hiverne au centre de la Manche Ouest vers les différentes zones côtières.

L’étude qui est proposée ici consistera à analyser le lien entre l’abondance hivernale et l’arrivée des seiches dans l’une des quatre zones côtières françaises révélées par les données VMS (de la baie de St. Brieuc aux Hauts de France) et de déterminer quels autres facteurs environnementaux contribuent à favoriser ou à réduire le recrutement printanier. L’étude de l’influence de variables environnementales sur la répartition côtière n’est pas isolée d’autres travaux visant à tester l’hypothèse d’un homing des géniteurs vers leur zone d’origine mais à ce stade l’influence possible de ce phénomène sera juste abordée en testant l’influence des abondances locales un ou deux ans plus tôt.

Les résultats de ce travail pourront orienter la gestion locale du stock de seiche de Manche et devraient renseigner les parties prenantes sur les zones essentielles au renouvellement de la ressource. Ils complèteront les évaluations de stocks et les diagnostics réalisés pour l’ensemble de la Manche en soulignant quelles étapes sont les plus sensibles à une forte pression de pêche (depuis la naissance côtière, l’hivernage au large et le retour à la côte).

OBJECTIFS DU STAGE

  1. Mettre à jour les données de la pêche commerciale française transmises au laboratoire par le SIH dans le cadre d’une convention avec la DGAMPA (assurer la jointure entre localisation des opérations et captures à partir de scripts existants).
  2. Mettre à jour les données de captures totales de toutes les flottilles opérant en Manche (notamment les captures britanniques hivernales)
  3. Interroger les plateformes européennes (Copernicus, EMODnet) pour extraire et mettre à jour les données sur l’habitat (comme réalisé par Marcout et al. 2024)
  4. Rechercher un modèle empirique décrivant les indices de biomasse printanière dans les zones côtières françaises en fonction des captures antérieures et des variables environnementales.
  5. Contribuer à la communication de ces travaux auprès du groupe d’experts ICES-WGCEPH

PROFIL RECHERCHE

INFORMATIONS CANDIDATURE

Les candidatures (lettre de motivation et CV) devront être adressées par mail à Jean-Paul Robin (jean-paul.robin@unicaen.fr) le 15/12/2025 minuit