L’estuaire de la Seine est structuré par un fort gradient de salinité influençant la répartition des communautés biologiques. Ce gradient va de l’eau salée à l’embouchure (euhaline) à l’eau douce en amont (limnique), en passant par des zones de salinité intermédiaire (poly-, méso-, oligohaline). La biodiversité varie selon ce gradient, atteignant un minimum en zone oligohaline, mais avec des biomasses parfois élevées. L’aménagement de l’estuaire (endiguement, dragage) a réduit la diversité des habitats latéraux, affaiblissant leurs fonctions écologiques. La restauration de ces milieux est donc une priorité, notamment pour rétablir leur productivité, capacité d’épuration et valeur pour la faune.
Dans les vasières intertidales, la faune benthique joue un rôle crucial : oxygénation des sédiments, contrôle de l’érosion, soutien à la chaîne alimentaire et stimulation de la production primaire. Ces fonctions peuvent être mesurées à l’aide de bio-indicateurs.
Le projet EVEREST vise à tester plusieurs hypothèses, dont : la perte de fonctionnalité en cas de colonisation végétale rapide, la productivité potentiellement plus élevée en amont, et le rôle clé des annexes fluviales dans l’équilibre hydrosédimentaire. L’objectif est de définir un compromis entre milieux trop ouverts ou trop fermés au régime fluvial, et d’identifier les conditions favorables à une restauration écologique réussie.
L’étude inclut la caractérisation de la matière organique et de la pénétration de l’oxygène (PPO) dans les sédiments, indicateurs de l’état écologique et du fonctionnement biogéochimique.
Un suivi de la vasière de Lillebonne (restaurée en 2017-2018) permet d’évaluer si les communautés biologiques se stabilisent et si les fonctions écologiques se mettent en place.
Enfin, EVEREST proposera des bioindicateurs pour évaluer la réussite écologique des restaurations, en mesurant les réponses des communautés aux facteurs de stress naturels et anthropiques.