Identification et caractérisation structurale et fonctionnelle des neuropeptides chez 4 espèces de coraux.

Les coraux durs, ou scléractiniaires, sont des organismes clés des écosystèmes récifaux, véritables réservoirs de la biodiversité marine. Outre, leur rôle écologique majeur, ces animaux, revêtent une importance économique considérable dans les zones tropicales et subtropicales, où ils soutiennent la pêche, le tourisme et assurent la protection des zones côtières contre l’érosion en agissant comme brise-lames naturels. Cependant, ces écosystèmes fragiles connaissent un déclin mondial accéléré, sous l’effet conjugué de l’anthropisation des littoraux, du réchauffement climatique, de la propagation de pathogènes, et de la contamination par les microplastiques ou certains composés chimiques présents dans les crèmes solaires. Depuis 2009, environ 14% des récifs coralliens ont disparu, mettant en évidence l’urgence d’agir pour leur préservation.

La compréhension de la physiologie des coraux est un préalable essentiel à la prédiction des impacts environnementaux, ainsi qu’au développement de stratégies efficaces de culture et de restauration récifale. Toutefois, les connaissances actuelles restent limitées, notamment concernant le rôle des neuropeptides dans la régulation des fonctions physiologiques de ces organismes.

Les cnidaires, groupe auquel appartiennent les coraux, ne possèdent pas de système nerveux central, mais un réseau nerveux diffus leur permettant de percevoir les stimuli environnementaux, de réguler leurs fonctions physiologiques et de lutter contre les agents pathogènes. Chez certains cnidaires, tels que les hydres ou les méduses, les neuropeptides, dérivés de précurseurs appelés préprohormones, agissent comme modulateurs ou hormones impliqués dans diverses fonctions physiologiques, notamment la contraction des polypes, la métamorphose larvaire, la colonisation, la maturation des gamètes et la réponse immunitaire. Plus d’une cinquantaine de neuropeptides ont été identifiés chez les cnidaires, mais seuls deux groupes ont été décrits et caractérisés chez les coraux à ce jour.

Mon travail de recherche s’inscrit dans le cadre d’un projet ANR franco-taiwanais (Coral Neuropeptide Project – CNP), visant à identifier et caractériser sur les plans structural et fonctionnel, les neuropeptides présents chez 4 espèces de coraux : Fimbriaphyllia ancora, Stylophora pistillata, Acropora tenuis et Galaxea sp. L’approche méthodologique combine des analyses génomiques, reposant sur l’annotation in silico des génomes, des études transcriptomiques permettant d’évaluer l’expression génique sous différentes conditions environnementales, et une approche peptidomique par spectrométrie de masse, destinée à identifier et quantifier l’ensemble des peptides et neuropeptides produits chez ces 4 espèces.